La menace de Ségolène Royal d’interdire le PET opaque si on ne lui appliquait pas, à minima, un malus en termes d’éco-contribution en a surpris plus d’un.
A commencer par Emmanuel Vasseneix, p-dg de la Laiterie Saint-Denis de l’Hôtel (LSDH) qui a trouvé cette attaque injuste. Il s’en est expliqué auprès du Ministère de l’Ecologie le 9 février, accompagné de représentants de la FCD (Fédération du Commerce et de la Distribution), de l’Ania (Association Nationale des Industries Agroalimentaires) et d’Eco-Emballages. « Nous sommes à l’origine du PET opaque en France avec Sidel, PDG Plastiques et Netstal. Nous étions les derniers à nous lancer sur ce marché du lait en bouteilles et nous avons souhaité nous démarquer en portant un regard sur l’environnement. Cette technologie permet justement d’économiser 20 % d’eau par rapport à du PEHD et 13 % d’énergie. Elle a fait passer le poids de la bouteille de 32 g à 24 g et a permis de supprimer l’opercule aluminium. » Le Cotrep a évalué sa recyclabilité à deux reprises. Conclusion : il est recyclable dans le contexte actuel de valorisation des PET colorés mais à condition de ne pas dépasser 15 % de volumes incorporés. La moyenne actuelle est à 12 % mais ce taux a allègrement été dépassé chez certains recycleurs. D’où la sonnette d’alarme. D’autres opérateurs s’y sont mis comme la Laiterie Saint-Père, Yoplait sur Yop, Teisseire sur Fruit Shoot, l’huile Lesieur, etc.
Réunion dans un cadre apaisant
« Le Ministère a été attentif à ces arguments et la réunion s’est passée dans un cadre tout à fait bienveillant et apaisé. Nous devons apporter au Ministère les preuves tangibles des vertus environnementales du PET opaque énoncées plus haut. Et préciser toutes les actions qui vont être mises en place pour améliorer la recyclabilité de cette résine dans le flux de PET coloré », indique le p-dg de LSDH.
Eco-Emballages vient justement d’annoncer un investissement d’1,5 M€ dans des appels à projets pour 2017 visant à : réduire la quantité d’opacifiants mis en œuvre, gérer les excédents et effets de seuils chez les recycleurs et rechercher de nouveaux débouchés à valeur ajoutée pour le PET opaque. Une étude confiée en 2016 au CRITT Polymères Picardie a permis de pré-identifier des débouchés pour la matière recyclée (produits moussés, plaques, panneaux, profilés et pièces injectées) dans le BTP, l’énergie et l(automobile. Ces travaux seront prolongés en 2017.
En tant que conditionneur, LSDH va, par exemple, travailler avec son fournisseur de préformes PDG Plastiques pour réduire la quantité de dioxyde de titane (TiO2) appliquée à l’intérieur des préformes pour les opacifier. « La latitude est estimée à 20 % », commente Emmanuel Vasseneix. Ces travaux, engagés par d’autres conditionneurs, prendront la forme d’un appel à projets, cofinancé à 50% par EcoEmballages. Si le taux de TiO2 dans chaque bouteille diminue, cela pourra mathématiquement libérer de la capacité de recyclage avec le flux de PET coloré, de façon à alimenter les filières textiles. Autre piste à l’étude : trier les PET opaques blancs et les PET opaques blancs-noirs (blancs à l’extérieur et noir carbone à l’intérieur) pour les recycler et les réintroduire en r-PET dans les préformes de lait.
La technologie enzymatique de Carbios offre également une piste de recyclage possible du PET opaque, et même de tous les PET.
Dernier point important : la caractérisation du gisement. Le Ministère de l’Environnement a demandé des gages de progression raisonnée du tonnage de PET opaque (actuellement de 10 000 tonnes), craignant, par exemple, que tous les opérateurs du lait ne passent du PEHD au PET. Les garanties ont semble-t-il été apportées.
http://www.processalimentaire.com/Emballage/PET-opaque-les-arguments-qui-rassurent-le-Ministere-de-l-Environnement-30427