Les derniers repères nutritionnels du PNNS dataient d’une dizaine d’années. Le 24 janvier, l’Anses a délivré un rapport pour les actualiser.
L’évolution des données scientifiques au cours de ce laps de temps a permis d’affiner les recommandations. L’accent est mis sur une consommation renforcée et régulière de légumineuses (lentilles, fèves ou pois chiches), de produits céréaliers moins raffinés (pains, pâtes et riz complets ou semi-complets) et d’huiles végétales riches en oméga 3 (ALA) comme l’huile de colza et de noix. Des industriels tels que Bonduelle applaudissent des deux mains : « Notre ambition est de changer la perception des légumes, notamment à travers une nouvelle présentation de l’offre par l’usage », explique le groupe, qui se concentre sur le végétal. « Ce mouvement est aligné avec l’avis publié par l’Anses et nous soutenons à 100 % ces nouvelles recommandations », affirme Anne-Sophie Fontaine, directrice commerciale et marketing Bonduelle Food Service Europe. Les organisations environnementales saluent également ce plébiscite des légumes secs.
Si l’avis va dans le sens des industriels du végétal, la position se durcit sur les sucres : l’Agence recommande de consommer moins d’un verre par jour de boissons sucrées (soit 263 g pour les hommes et 216 g pour les femmes), ce qui inclut aussi les jus de fruits. Les données disponibles n’ont pas permis de distinguer les effets sur la santé des sucres naturellement présents de ceux des sucres ajoutés. Néanmoins, selon l’Anses, des éléments convergent vers des effets néfastes d’apports élevés en sucres (100 g/j chez les adultes), surtout en termes de maladies cardio-vasculaires.
25 g de charcuteries par jour maximum
Les produits carnés ne sont pas épargnés. Selon l’Anses, la consommation de viandes hors volailles (bœuf, porc, agneau) devrait être inférieure à 500 g par semaine. L’Agence considère également que la consommation de charcuteries (jambon, saucisson, saucisse, pâté,…) ne devrait pas dépasser 25 g par jour. La Fict, qui représente 250 entreprises du secteur, n’a d’ailleurs pas apprécié. La Fédération regrette de ne pas avoir été préalablement entendue, contrairement aux autres professions. Elle affirme que les données utilisées sont dépassées ou extrapolées à partir d’études étrangères, non représentatives de la consommation française. Elle souligne aussi que la composition des charcuteries a nettement évolué ces dernières années, avec la réduction du sel, du gras et la limitation de plusieurs additifs. Le seuil de consommation retenu apparaît à la Fédération bien trop bas, sachant que le Centre International de Recherche sur le Cancer avait établi en 2015 que c’est le seuil de 50 grammes de viande transformée consommée quotidiennement qui accroissait le risque de cancer colorectal de 18%.
A noter, l’étude Inca3 devrait être publiée au deuxième trimestre 2017. Elle fera le point sur la consommation alimentaire des français sur 2015, sachant que l’étude qui a servi pour le rapport date de 2006-2007. L’étude Inca 3 et le rapport de l’Anses serviront à mettre à jour la quatrième version du PNNS. L’évolution des habitudes alimentaires soulevée par Inca pourra peut-être nuancer les conclusions délivrées par ce rapport qui divise les industriels…
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