La planète compte 300 millions d’individus obèses, qui représentent entre 15 et 30 % de la population dans les pays industrialisés. Pour lutter contre cette pathologie, une nouvelle piste sous forme de complément alimentaire à base d’extraits végétaux et de statines s’ouvre grâce à l’unité « Nutrition humaine » de l’Inra. Cette solution permettrait également d’affiner la silhouette des personnes qui souhaitent perdre quelques kilos.

Souvent dans la volonté de perdre du poids, la difficulté est de persévérer quand les résultats ne sont pas visibles. Pour ce faire, les équipes de l’Inra et de l’université ont déposé un brevet (WO2013128137) sur l’utilisation combinée d’un extrait végétal de citrulline et d’une atorvastatine (qui fait partie du groupes des statines, souvent utilisées comme médicaments contre l’hypercholestérolémie) pour faire fondre la masse grasse sans affecter la masse musculaire. La citrulline est un acide aminé que l’on trouve dans les pastèques et qui est déjà connue pour restaurer la masse musculaire au cours du vieillissement. L’atorvastatine est une molécule de synthèse dont le principe actif est présent dans levure rouge de riz, Monascus Purpureus, sous le nom de monacoline K. Elle agit en entravant la production du cholestérol dans le foie.

Des effets sur le syndrome métabolique

D’après les études, les tests sur des souris ont conduit à une réduction de 22 à 32 % de la masse grasse totale sans affecter la masse maigre par rapport aux animaux témoins ou ceux qui n’ont bénéficié que d’un des composés. Les chercheurs ont aussi observé que la combinaison de ces deux éléments participe à l’amélioration du syndrome métabolique, un état prédisposant au diabète ou aux maladies cardiovasculaires. «Ce sont des résultats très prometteurs, que l’on doit d’abord confirmer par des études cliniques chez l’Homme», précise Christophe Moinard, de l’université Paris Descartes. Ces études seront la condition indispensable à un éventuel dépôt de demande d’allégation de santé.

Derrière ces travaux, les équipes espèrent voir apparaître des applications pharmaceutiques ou nutraceutiques. Pour Béatrice Morio de l’unité « Nutrition Humaine » de l’Inra : «l’objectif de ces recherches est d’adapter la rigueur d’un médicament au développement d’un complément alimentaire. Un soutien pharmaco-nutritionnel qui facilite la perte de poids au début d’un régime est toujours encourageant et permet d’opter pour un régime alimentaire moins restrictif et donc moins risqué pour sa santé future.» Néanmoins les chercheurs prennent la précaution d’ajouter qu’il ne s’agit pas d’un complément miracle : «pour que la perte de poids soit durable et efficace, rééquilibrer l’alimentation et faire de l’exercice sont indispensables.»

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