Il y a un peu plus d’un an éclatait au grand jour la fraude de la substitution de la viande de bœuf par de la viande de cheval dans des plats cuisinés, en France et en Europe.
Dévastatrice pour le secteur entier sur le plan médiatique, elle n’a pas – rappelons-le – mis en danger la santé des consommateurs et n’a pas révélé de dysfonctionnement de traçabilité. Elle a en revanche révélé la ramification des circuits d’approvisionnement, ce qui a mis à l’épreuve les systèmes de coopération entre Etats membres. La complexité du sourcing ainsi mise à jour a profondément altéré la confiance des consommateurs, encourageant l’idée que « l’on ne sait plus ce qu’on mange ».
Cette perte de confiance se traduit par une chute spectaculaire de l’activité sur ce marché. Rappelons que dans la foulée du scandale, 39 % des acheteurs déclaraient vouloir se détourner durablement des plats cuisinés surgelés à base de bœuf. Selon les données transmises par Nielsen, les ventes de plats cuisinés surgelés à base de viande ont perdu 19,2 % en volume dans les supers et hypermarchés (à fin janvier 2014). Les plats cuisinés frais de leur côté résistent mieux, mais la baisse sur le segment des produits à base de viande est tout de même de 4,9 % sur la même période. Tous segments confondus, les plats cuisinés sont donc à la peine, avec une baisse des volumes de 4,7 % en frais et de 14,4 % en surgelé.
Pour contre-carrer cette tendance à la baisse et retrouver la confiance, les distributeurs ont accentué leurs exigences envers les fournisseurs de plats élaborés en termes d’informations de traçabilité liées à la viande (numéro d’agrément d’abattoir, fournisseur, etc.). Autre exigence : la mise en place de tests ADN sur les produits finis, le plus souvent en libératoire. Dans ce contexte, les industriels ont très vite fait le choix de privilégier des approvisionnements en viande française. Sans être une garantie contre la fraude, cette provenance rassure et apporte des éléments objectifs de transparence. Parallèlement un Code des usages, annoncé dès mai 2013, doit émerger dans les semaines qui viennent. A cœur des usines, l’heure est à la fiabilisation des échanges de données, depuis l’amont vers l’aval, avec une perspective : fournir des informations produit aux consommateurs via des codes 2D, par exemple. C’est bien la somme de ces efforts qui permettra de retrouver la confiance des consommateurs. Confiance qui sera d’autant plus longue à regagner qu’elle a été perdue brutalement.