Des papiers d’emballage tueurs de bactéries inventés à Trois-Rivières pourraient révolutionner l’industrie alimentaire en empêchant les éclosions de listériose et de salmonellose.
Testée sur la dangereuse E. coli, ainsi que sur Listeria et Salmonella, l’invention semble jusqu’ici infaillible et c’est une première mondiale.
On la doit à l’équipe du Pr Tarik Jabrane, chercheur au Centre d’innovation des produits cellulosiques, Innofibre, et professeur à l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Comment est-ce fait ?
Les savants trifluviens ont cherché dans la nature les bactériophages, c’est-à-dire des tueurs de bactéries, capables de détruire naturellement les pathogènes responsables des plus importantes toxi-infections alimentaires.
Ils les ont ensuite reproduits en laboratoire pour en faire un cocktail de tueurs microscopiques qu’ils ont appliqué sur le papier
Résultat: dès qu’un pathogène tente de s’installer dans la nourriture placée sur le papier bioactif, les petits tueurs dont il est enduit détruisent l’indésirable en un rien de temps.
Des tueurs microscopiques
Ces gardes du corps microscopiques, les bactériophages, «sont les micro-organismes les plus abondants sur Terre, explique le Pr Jabrane.
Dès qu’il y a une bactérie quelque part, il y a un phage qui se développe en utilisant le matériel génétique de la bactérie. Ça crée un équilibre.»
Le problème, c’est qu’en alimentation des contaminants extérieurs viennent s’introduire dans la nourriture. Alors, trop nombreuses, les bactéries prennent le dessus sur les phages. L’équilibre est ainsi rompu.
La stratégie du Pr Jabrane est de produire un cocktail de phages assez concentré pour que les bactéries n’aient jamais le dessus.
Les phages doivent aussi être assez efficaces pour empêcher les pathogènes de muter et tout ça sans aucune manipulation génétique.
En plus d’avoir le potentiel d’augmenter la sécurité alimentaire, cette invention assurerait de nouveaux débouchés pour l’industrie papetière, qui se verrait attribuer la tâche de produire de nouveaux papiers à haute valeur ajoutée, indique le Pr Jabrane.
L’équipe d’Innofibre doit cependant encore franchir quelques étapes avant que son produit puisse percer le marché.
«On est à regarder les besoins spécifiques des entreprises, explique le scientifique. Il s’agit de faire des alliances stratégiques.»
Prévenir la salmonellose
En attendant que les papiers tueurs de bactéries soient prêts pour la commercialisation, des scientifiques chercheront des moyens d’empêcher l’installation des salmonelles sur les fruits et les légumes en croissance.
Car ce sont bien ces produits qui sont responsables de la plupart des éclosions de salmonellose et non pas la volaille, comme on a tendance à le penser, indique l’Université McGill.
Les végétaux sont en effet contaminés lorsque le sol où ils poussent est pollué par des déchets animaux ou de l’eau non potable.
Contrôler
Des chercheurs des universités McGill et Laval recevront près de 10 millions $ pour plancher sur ce dangereux phénomène qui affecte pas moins de 90 000 Canadiens chaque année.
Financés par Génome Canada et Génome Québec, les scientifiques ont pour mission de mettre au point des solutions biologiques naturelles pour contrôler les salmonelles.
Éradiquer
Les savants devront aussi mettre au point de nouveaux tests de détection et des outils pour permettre aux responsables de découvrir la source des éclosions avec précision et rapidement.
Grâce à leur travail, qui doit s’échelonner sur quatre ans, la salmonellose pourrait se voir purement et simplement «éradiquée», indique la Dre Rosie Goldstein, vice-principale à la recherche et aux relations internationales à l’Université McGill.
Référence Vigial : A75982