En juin, une étude* de l’Inra, du CNRS et de l’université de Bordeaux a mis en avant qu’un régime riche en matière grasse pouvait modifier certains mécanismes cérébraux lors de l’adolescence, avec des répercussions à long terme. Quelques semaines plus tard, l’Inserm et l’Université d’Aix Marseille ont de leur côté publié leurs résultats** sur le rôle essentiel des Oméga 3 sur cerveau des adolescents, qui peut notamment les protéger de comportements dépressifs. Ces deux publications soulignent l’importance d’une alimentation équilibrée pour une bonne santé, non pas uniquement physique, mais aussi mentale.

Plus sensibles aux récompenses alimentaires

Selon les travaux des chercheurs de Bordeaux, en plus de favoriser l’obésité, une alimentation trop grasse augmente la sensibilité du système de récompense (ou dopaminergique) dans le cerveau chez l’animal. Ce mécanisme est lié à la motivation et au plaisir. Plus l’exposition à une récompense est répétée, plus l’animal recherchera la récompense. Le système peut être déséquilibré, ce qui entraîne des addictions dans certains cas. Les scientifiques ont étudié l’état de ce système chez des rats devenus obèses suite à une alimentation riche en graisse dès l’enfance et l’adolescence, en comparaison avec des animaux témoins. Les animaux ont subi une injection d’amphétamine, un psychostimulant. L’équipe a observé que les rats obèses se sensibilisent plus rapidement à ce type de substance, avec une plus forte libération de dopamine. Si ces mécanismes sont démontrés chez l’homme, cela impliquerait qu’un régime trop gras chez l’enfant et l’adolescent perturbe les signaux associés aux récompenses alimentaires et modifie donc les comportements de recherche de ces dernières.

Comportements anxieux et faibles fonctions cognitives

Bien évidemment, la solution n’est pas pour autant de supprimer les matières grasses, essentielles pour le bon développement nerveux. Les chercheurs de l’Inserm et de l’université d’Aix Marseille ont travaillé avec les scientifiques de l’Inra de Bordeaux sur des déficiences en Oméga 3 sur des souris à l’adolescence. Ils ont remarqué qu’un régime faible en Oméga 3 à ce stade diminue les taux d’acides gras dans le cortex préfrontal (impliqué dans les fonctions comme la prise de décision, le contrôle exécutif, le raisonnement) et au niveau du noyau accumbens (régulation de la récompense et des émotions). Une fois adulte, cela se traduit par des comportements anxieux et une diminution des fonctions cognitives. Les fonctions cérébrales peuvent néanmoins être restaurées chez les souris adultes : « Il faut amplifier la capacité du récepteur du glutamate, le neurotransmetteur le plus important du système nerveux central, au niveau des neurones afin de rétablir les échanges. On peut également inhiber la dégradation du principal cannabinoïde sécrété par le cerveau, qui contrôle la mémoire synaptique », expliquent les chercheurs à la tête de l’étude, Olivier Manzoni et Sophie Layé. L’autre solution est de consommer suffisamment d’Oméga 3. Il ne faut donc pas se priver complètement des matières grasses mais mieux les sélectionner !

*Impact of early consumption of high-fat diet on the mesolimbic dopaminergic system, Naneix F., Tantot F., Glangetas C., Kaufling J., Janthakhin Y., Boitard C., De Smedt-Peyrusse V., Pape J.-R., Vancassel S., Trifilieff P., Georges F., Coutureau E. & Ferreira G, Eneuro 2017, DOI:10.1523/ENEURO.0120-17.2017

** Amplification of mGlu5-endocannabinoid signaling rescues behavioral and synaptic deficits in a mouse model of adolescent and adult dietary polyunsaturated fatty acids imbalance,Antonia Manduca, Anissa Bara, Thomas Larrieu, Olivier Lassalle, Corinne Joffre, Sophie Layé and Olivier J. Manzoni, Journal of Neuroscience 19 June 2017, DOI:https://doi.org/10.1523/JNEUROSCI.3516-16.2017.

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