ARTICLE 60 MILLIONS : « VIANDE : MANGEONS-NOUS DES ANIMAUX MALADES ? »

Outre le bœuf, tous les animaux d’élevage sont touchés par diverses maladies plus ou moins graves et contagieuses.

Hépatite E :

Près des 2/3 des élevages porcins sont touchés. Les souches isolées sont quasiment identiques à celles trouvées chez l’homme.

Fréquence (en France) : 4% des foies de porc

Risque : élevé pour les femmes enceintes

Tuberculose bovine :

La réglementation européenne autorise qu’en l’absence de lésions de tuberculose ou si elles sont localisées, les carcasses peuvent être vendues.

Fréquence : en hausse, mais faible

Risque : très faible transmission à l’homme

Virus de Schmallenberg :

Fréquence : 1200 cas en 2012 chez les bovins et ovins

Risque : quasi nul pour l’homme

Salmonellose :

Transmise à l’homme via des viandes contaminées à l’abattage

Fréquence : 7,5% des carcasses de volailles

Risque : limité pour l’homme (troubles digestifs)

« La santé animale est géré par un cadre réglementaire, le « paquet hygiène ». En France, la DGAL a mis en place une chaîne de contrôle assez stricte, de l’élevage à l’abattage, puis de l’atelier de découpe au lieu de vente.

Par ailleurs, elle a établi une liste de 103 maladies, hiérarchisées selon leur impact sanitaire et économique.

Sur le terrain, la règle d’or, édictée par l’OIE, consiste à exclure de la chaîne alimentaire tout animal déclaré malade 

[…] même si la maladie n’est pas transmissible à l’homme. En revanche, si la maladie n’est pas déclarée ou si le germe n’est pas transmissible à l’homme, la viande peut généralement être consommée.

« Quant aux signes cliniques indécelables à l’œil nu, comme des tumeurs, c’est seulement l’inspection vétérinaire ante et post mortem qui peut permettre de les dépister.

Entre 3 et 12 secondes sont consacrées au contrôle sanitaire de l’animal.

« Cela si l’effectif du personnel est suffisant…

Quoi qu’il en soit, la viande qui passe le barrage du contrôle vétérinaire n’est jamais exempte de germes. « Les animaux d’élevage portent une multitude d’agents pathogènes, sans pour cela provoquer de maladies chez eux ou chez l’homme. Dans ce cas, rien n’interdit de manger leur viande », précise Barbara Dufour, spécialiste des maladies contagieuses à l’Ecole vétérinaire d’Alfort.

« En revanche, leur viande peut être parfois contaminée à l’abattoir par les matières fécales. C’est un facteur de risque important de salmonelles et d’E.coli, responsables de la plupart des toxi-infections alimentaires.

A l’abattoir, le personnel doit, à la moindre contamination fécale, ôter le morceau concerné. «  Mais sur le terrain, il peut arriver que, par réflexe, on passe la douche sur la partie souillée, ce qui a pour effet d’étaler le microbe plutôt que de l’éliminer », reprend Stéphane Touzet, formateur de techniciens vétérinaires dans le Cher. C’est là que le danger se profile.

Un usage parfois excessif d’antibiotiques

Afin de préserver la santé des animaux, la grande majorité des éleveurs usent – et parfois abusent – des médicaments vétérinaires. Or, à l’autre bout de la chaîne, le consommateur risque d’en ingérer des résidus. C’est pourquoi une limite maximale de résidus doit être respectée ainsi qu’un temps d’attente avant l’abattage.

Pour autant, des utilisations frauduleuses de certains produits interdits, ou le dépassement des seuils autorisés, sont ponctuellement détectés. […] C’est pourquoi les autorités prônent le recours à des nouvelles pratiques d’élevage.

La Commission européenne prévoit de limiter le rôle des inspecteurs au simple contrôle  visuel sur les chaînes de production.

« Les lésions non décelables visuellement deviendront, de fait, la responsabilité des entreprises d’abattage et de l’industrie de la viande. Ainsi, les abcès ou d’autres anomalies, comme certaines arthrites, ne relèveraient plus de la liste des matériaux officiellement impropres à la consommation. Ce qui implique qu’on pourra commercialiser de la protéine animale qui en contient. »

Source : 60 millions, n°489 de janvier 2014 ZOOM