La disposition de la loi Santé prévoyant l’application, de manière facultative, d’un système graphique d’information sur la qualité nutritionnelle des produits alimentaires entrera prochainement dans une phase d’expérimentation.
La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a fixé l’objectif : mise en application début 2017. Afin de choisir entre les deux systèmes les plus élaborés : le 5-C ou le SENS, un comité de pilotage et un comité scientifique ont été formés pour mener les essais en conditions réelles d’achat.
Parallèlement, un avis montre que les résultats obtenus avec le système SENS convergent avec ceux obtenus par le système le 5-C, dont l’avis d’évaluation date, quant à lui, de juin 2015. Quel que soit le système choisi, compte tenu du caractère facultatif de la mesure, la clef reste l’adhésion des industriels et des distributeurs. Ces derniers, via la FCD, soutiennent le système SENS.
Quid des industriels ? Nous donnons la parole à Catherine Petitjean, nouvelle présidente de L’Alliance 7, première fédération professionnelle agroalimentaire, qui rassemble les métiers de l’épicerie (chocolat, confiserie, miels, café, biscuits et gâteaux, céréales du petit-déjeuner, panification croustillante et moelleuse, apéritifs à croquer) et de la nutrition spécialisée.
Que pensez-vous de l’objectif d’amélioration de l’information nutritionnelle de la loi Santé ?
Catherine Petitjean. Nous devons être fiers de notre modèle alimentaire basé sur la diversité, la convivialité des repas et le plaisir de l’alimentation. Nos professions sont bien sûr favorables à une amélioration de l’information nutritionnelle, mais sans dénigrement des produits ni classement sur une échelle de bon à mauvais. La France est le pays qui a le plus à perdre en Europe par la mise en place d’un système basé sur une approche fonctionnelle et caricaturale de l’alimentation. Dans nos secteurs, nous avons des centaines de spécialités régionales ou nationales, la diversité de notre alimentation est au cœur de notre modèle alimentaire. En cela, nous refusons tout système simpliste dénigrant nos produits. La mise en place d’un étiquetage avec des pastilles rouges ou équivalent, visant à signaler ce que seraient les « mauvais » produits ferait entrer la société française dans l’interdit alimentaire et non plus dans la promotion d’un modèle où l’on peut manger de tout mais en quantité raisonnable.
Vous contestez un raisonnement par produit, sans prise en compte de l’ensemble de l’alimentation ?
Catherine Petitjean. Oui, car dans cette logique, nous ne devrions manger que des produits estampillés « vert » ? Je fabrique du pain d’épice fourré à la confiture, les fameuses nonnettes. Mon produit est-il mauvais pour la santé ? Non. Il est adapté à un moment de consommation donné, il peut être dessert ou goûter, et comme tous les aliments il doit être consommé en quantité raisonnable. Donnons au consommateur les outils pour mieux comprendre et laissons-lui la capacité de décider. Dernier point, il est important que la mise en place d’un nouveau système d’affichage nutritionnel complémentaire prenne en compte le cadre du marché européen et soit le même dans l’ensemble des pays et s’inscrive dans le même calendrier d’application.