Selon les données du dernier baromètre commandé par l’Agence Bio au CSA*, l’année 2015 a vu la consommation bio franchir un nouveau cap, s’arrimant plus fermement au cœur des comportements de consommation.
Ainsi neuf Français sur dix ont déclaré avoir consommé bio au moins occasionnellement en 2015. Ils n’étaient que 75 % en 2014 et 54 % en 2003. Autre illustration de ce fort ancrage dans les habitudes de consommation, les Français sont 65 % à avoir consommé bio au moins une fois par mois contre 49 % en 2014 et 37 % en 2003.
Les leviers de la consommation bio continuent de se renforcer. Au sein de la perception positive des produits certifiés, on retrouve le fait qu’ils sont vus comme plus naturels (pour 91 % des Français, + 7 points par rapport à 2014), qu’ils préservent l’environnement (90 %, + 6 points) et qu’ils sont meilleurs pour la santé (89 %, + 10 points). La montée en puissance dans les médias des critiques vis-à-vis de l’utilisation des pesticides n’est certainement pas étrangère à cette évolution.
Cette dynamique s’est traduite par un marché en progression, qui connaît une nouvelle fois une hausse à deux chiffres. Les ventes totales de produits certifiés bio devraient atteindre 5,5 milliards d’euros en 2015, soit une augmentation de 10 % par rapport à 2014.
Les magasins spécialisés connaissent le rythme de croissance le plus élevé, avec une hausse moyenne des ventes de l’ordre de 15 %. Le fruit d’une embellie de leur fréquentation et de l’extension du réseau grâce à de nouvelles ouvertures. Du côté de la grande distribution, qui pèse 44 % du total, les ventes ont gagné 9,4 % notamment dans le rayon épicerie salée et sucrée (+12 %, selon le panel Iri).
Une hausse de 15 % des surfaces engagées
Gage de la pérennité du secteur, cette évolution positive s’accompagne d’un développement de l’offre. On dénombre désormais 9739 transformateurs (+ 3%) et 3 513 distributeurs (+ 8%). Du côté de la production agricole, les données sont remarquables. Pour 28 725 producteurs engagés, les surfaces cultivées en bio sont estimées à 1,3 million d’hectares fin 2015, une croissance de l’ordre de 15 %, qui résulte d’une accélération du nombre de conversions, sur fond de crise agricole. Celles-ci ont doublé pour atteindre 307 000 hectares, dont plus de 70 % en première année de conversion. Les progressions les plus notables sont enregistrées dans deux secteurs : les grandes cultures et les bovins (viande et lait). Au total, les surfaces bio représentent donc 4,9 % du territoire agricole, ce qui reste toutefois encore largement en-deça des taux réalisés par l’Espagne, l’Allemagne, l’Italie ou encore l’Autriche.
Une incertitude sur les aides
L’avenir du développement agricole bio pourrait s’écrire en vert, si ne rodait pas la menace de l’insuffisance du système d’aides, débordé par l’affluence des candidatures à la conversion. Lors du salon de l’Agriculture, l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture, la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) et le Syndicat des transformateurs et distributeurs bio (Synabio) ont tiré la sonnette d’alarme : « Dans plusieurs régions, les aides programmées pour la période 2015-2020 sont d’ores et déjà épuisées, comme dans le Centre et en Languedoc Roussillon Midi Pyrénées. Dans d’autres, elles sont pour la première fois drastiquement restreintes ou plafonnées, comme par exemple en PACA. Pourquoi ? Parce qu’un nombre croissant d’agriculteurs souhaite passer à l’agriculture biologique et que ce mouvement a été largement sous-estimé ! ».
* Résultats d’une étude quantitative réalisée online en deux phases, du 22 au 28 janvier 2015 puis du 3 au 8 décembre 2015, à chaque fois sur un échantillon de 500 Français âgés de 18 ans et plus, représentatif de la population française.
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