Une inflation maîtrisée. C’est le constat que fait la dernière note de conjoncture émise par le service économie de l’Ania, publiée la semaine dernière, à partir des données d’Eurostat.
En janvier 2014, l’augmentation des prix à la consommation (alimentation et boissons sans alcool) a été de 1,1 % en glissement annuel. Soit le résultat le plus faible des principaux marchés européens. Sur la même période, l’inflation s’est portée à 2,1 % en Italie, 2,7 % en Espagne, 3,6 % au Royaume-Uni et 3,7 % en Allemagne. Depuis 2008, l’inflation en France se range quasi-systématiquement parmi les plus basses des cinq pays cités.
Difficile de ne pas y voir l’effet de la guerre des prix que mènent les grandes enseignes de grande distribution, et que la loi de modernisation de l’économie, qui cadre les négociations commerciales, a laissé s’installer. « Ailleurs en Europe, il n’y a pas de guerre des prix. Il est admis par les opérateurs, y compris les distributeurs, que si le prix de la matière première augmente, il faut le répercuter sur le prix d’achat », nous confiait Gérard Calbrix, directeur Affaires économiques de la FNIL (Fédération nationale de l’industrie laitière).
Une stratégie efficace pour les consommateurs, mais dramatique pour les fournisseurs et pour les filières de production dans leur ensemble. Ce qui fait dire à Jean-Philippe Girard, président d’Eurogerm et président de l’Ania, qui signe l’éditorial de cette note que « la responsabilité des distributeurs est engagée vis-à-vis des Français : leur approche court-termiste du prix le plus bas fragilise l’ensemble de la filière, détruit des emplois, et trompe le consommateur sur la notion de « prix juste » ».
Une déclaration corroborée par la baisse de la production des industries agroalimentaires, une situation pour le coup généralisée dans les autres grands pays européens. Hormis l’Allemagne qui a stabilisé son niveau de production des industries alimentaires sur les douze derniers mois glissants, les autres pays ont enregistré un recul. Le repli le plus important étant en France (- 2,1 %), une baisse se poursuivant depuis le mois d’octobre 2012. Dans le même temps, les exportations ont progressé de 609 millions d’euros par rapport à 2012, mais moins que les importations qui ont augmenté de 1,28 milliards d’euros.
Sur la même période, la consommation alimentaire est restée stable. Pour Jean-Philippe Girard, l’heure est à la sensibilisation des consommateurs sur la valeur des produits : coût des matières premières, main d’œuvre, recherche, etc. »Autant d’éléments qui permettent d’appréhender la construction du prix « juste ». Les consommateurs sont à même de le comprendre et d’en payer le juste prix », écrit-il.